La protection des chauves-souris

Les actions du Groupe Chiroptères de Provence

Les pratiques agricoles

Lorsqu’une étude est menée, des modes de cultures sont proposés aux alentours des gîtes de reproduction des espèces les plus en difficulté et les pratiques culturales à préserver sont signalées. Des conseils sont donnés pour le choix de pesticides moins rémanents lorsque ceux-ci ne peuvent être évités.

Les pratiques les plus intéressantes sont :

– Le pâturage, il entretient des territoires de chasse ouverts et fournit des insectes coprophages.
– Les haies, ces linéaires sont utilisés pour rejoindre les territoires de chasse. Les haies servent aussi de reposoirs et de postes d’affût.
– Les vergers non-traités sont des territoires de chasse très fréquentés par les chauves-souris. Elles limitent les populations d’insectes. Installer des nichoirs à chauves-souris dans un verger favorise cette lutte biologique.

La fermeture des cavités

Le GCP prends contact avec la Drire et les propriétaires des mines lors de leurs fermetures pour que soit pris en compte les chiroptères. Cette prise en compte est imposée par la loi française et le code minier. L’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) rappelle lui aussi ces recommandations. Un aménagement particulier est demandé lorsque la cavité est de grand intérêt : grille blindée ou autre, suivant les besoins des espèces.
Le minioptère de Schreibers est un cas particulier, il a besoin d’une entrée de 30 cm par 40 cm minimum pour pouvoir accéder à un gîte. Si le site doit être interdit d’accès pour des raisons de sécurité, une grille n’est pas la solution. Si elle empêche un homme d’entrée, elle bloque aussi les minioptères. Il faut trouver des solutions alternatives.

Grille d'une cavité naturelle abritant des minioptères (en écusson). Un espace libre est laissé au-dessus, pour que les animaux puissent circuler.
La photo a été prise lors d'un contrôle des effectifs. (Photo Laurent Petter)

Grille d’une cavité naturelle abritant des minioptères (en écusson). Un espace libre est laissé au-dessus, pour que les animaux puissent circuler. La photo a été prise lors d’un contrôle des effectifs. (Photo Laurent Petter)

La spéléologie et l’archéologie

Des contacts sont établis avec les associations de spéléologie pour travailler ensemble à la sauvegarde des chauves-souris.

Deux exemples de collaboration :
– Une grotte du Vaucluse, qui contient un gisement archéologique, héberge la plus importante colonie d’hibernation de petits murins de la région et une colonie estivale.
Depuis cette découverte, le GCP suit les effectifs et conseille les spéléologues afin que les travaux soient compatibles avec le maintien des chauves-souris.

– Une cavité des Bouches-du-Rhône doit être fermée à l’accès humain par le conseil général en raison de sa fréquentation importante et de sa dangerosité. Elle héberge une des dernières colonies de Minioptères de Schreibers proche de Marseille. La fermeture se fait en collaboration avec le Comité Départemental de Spéléologie des Bouches-du-Rhône et le Groupe Chiroptères de Provence.

Les grands aménagements

Les grands aménagements perturbent voir détruisent des écosystèmes. Cette question est sérieusement abordée dans plusieurs pays comme l’Allemagne, la Hollande ou la Suisse. Par contre, la France ne fait pas preuve de volontarisme. Cependant, il est possible de concevoir des aménagements tout en limitant au maximum ses impacts.

Par exemple, la DDE devait procéder à la mise en protection d’une falaise surplombant une route le long de la Durance. Des plaques de roche devaient être dynamitées et un grillage de couverture devait être posé sur la quasi-totalité de cette falaise, classée en Arrêté de Protection de Biotope pour les rapaces. Or des chauves-souris gîtent dans les fissures et derrière ces plaques. En accord avec la DDE un recensement des gîtes de la falaise a été effectué avec l’aide d’une personne du Comité Départemental de Spéléologie du Vaucluse.
Finalement, la mise en sécurité s’est effectuée en prenant en compte ces habitants spécifiques.

Par ailleurs, un projet autoroutier est prévu dans le secteur de l’Est de la Crau. Cette autoroute devrait traverser une zone Natura 2000. Or c’est une zone de chasse pour des femelles de petits murins, leurs jeunes avant l’émancipation et des grands rhinolophes. Une révision du projet a été proposée.
Il faut savoir que le département des Bouches-du-Rhône est véritablement sinistré pour les chiroptères, que 70% des sites cavernicoles fréquentés au milieu du 20ème siècle sont aujourd’hui désertés et qu’aucune colonie cavernicole de reproduction n’est connue. D’où l’enjeu majeur de prendre en compte la conservation des espaces où se reproduisent des espèces au bord de l’extinction dans ce département.
En 2003, nous ne savons pas si nos demandes seront écoutées.

La sensibilisation

Le GCP intervient dans les écoles. Les enfants découvrent le monde des chauves-souris lors d’un diaporama ou lors de la pose de nichoirs. Ils n’ont pas de préjugé et apprécient vite ces animaux étonnants.
Une exposition réalisée par le GCP et Espaces Naturels de Provence (CEEP) est disponible : panneaux explicatifs, photos, modèles.
Ces actions modifient l’image qu’on se fait des chauves-souris et font connaître l’utilité de ces insectivores.

Des formations de techniciens sont aussi réalisées.

Les gîtes de substitution

Des nichoirs pallient au manque de gîtes forestiers, en effet les cavités et les fentes des arbres abîmés ou morts sont devenues rares. Ils servent aussi à étudier la biologie des chiroptères ou à suivre l’évolution des effectifs.
Malheureusement, ils sont parfois pris pour cible par des chasseurs, par exemple à l’étang de Bolmon, propriété du conservatoire du littoral.

Le suivi des populations

Les sites importants d’hibernation des chauves-souris sont visités l’hiver pour contrôler les effectifs. L’évolution des populations de chaque espèce détermine les priorités en terme : de mesures de préservation et d’études complémentaires.

La plus grande colonie d’hibernation de grands rhinolophes de la région Provence Alpes Côte d’Azur se trouve dans les Bouches du Rhône. Ses effectifs sont en régression depuis le début du suivi, il y a 10 ans. C’est une des espèces les plus en difficulté en France.

Colonie de grands rhinolophes en hibernation.
(Photo Tanguy Stoecklé)

Colonie de grands rhinolophes en hibernation. (Photo Tanguy Stoecklé)

Durant l’hiver 2002/2003, nous avons pu constater l’effondrement des effectifs du Minioptère de Schreibers qui est passé de 35 000 individus à seulement 9 000. Cette constatation est la même en France, en Espagne et au Portugal. 60% à 65% des individus de cette espèce ont disparu en une seule année. Il ne resterait que 70 à 80 000 individus en France, moins que le nombre d’habitants d’une seule ville moyenne !! Aucune explication n’a été trouvée pour le moment. La Société Française d’Etude et de Protection des Mammifères (SFEPM) mène l’enquête avec son réseau européen.

Le GCP suit la reproduction des espèces cavernicoles les plus rares sur les 4 dernières grottes de reproduction connus en Provence Alpes Côte d’Azur.


Chacun peut agir !

Les mesures suivantes ne sont pas spécifiques aux chauves-souris. Elles favorisent la biodiversité et la protection de la nature en général.

Eviter l’usage des pesticides

L’usage des pesticides se généralise en dehors de l’agriculture. Les particuliers, les jardiniers, les mairies en utilisent.
Pourtant des alternatives existent :
– Variétés anciennes, locales
– Associations de plantes
– Luttes biologiques en privilégiant l’installation des prédateurs.

On peut aussi limiter l’utilisation des pesticides en consommant des produits biologiques .
Dans notre économie de marché, la production est déterminée par la consommation. Consommer des produits biologiques même occasionnellement permet à des agriculteurs de produire proprement.

Gérer écologiquement un espace

Il est possible de participer à la préservation des espèces par la gestion d’un terrain, d’une ferme, d’un jardin ou d’un parc aussi petit soit-il :

Faire un tas ou du paillage de tous les déchets organiques et déchets verts fourni nourriture et abris aux insectes, contrairement au feu, qui stérilise.

Laisser pousser des « herbes folles », crée un lieu de vie pour les insectes: criquets, chenilles, papillons.

Privilégier les essences locales permet aux insectes les plus rares de se maintenir. Par exemple trois papillons se nourrisent uniquement de l’églantier.

Eviter surtout les espèces classées parmi les invasives tel l’acacia. Ces espèces modifient profondément le milieu naturel.

Laisser vieillir des arbres et laisser des arbres morts sur pied, enrichit l’entomofaune. De plus les creux et fissures des arbres sont des gîtes naturels pour les chauves-souris.

Maintenir ou restaurer des zones humides, éviter de drainer, de canaliser, favorise de nombreux insectes. Les zones humides sont des territoires de chasse privilégiés pour les chauves-souris.

Supprimer les éclairages nocturnes évite la destruction de centaines d’espèces d’insectes.

L'écorce décollée de ce vieux saule abrite des pipistrelles de nathusius.

L’écorce décollée de ce vieux saule abrite des pipistrelles de nathusius.

Accueillir des chauves-souris chez soi

Certaines chauves-souris souffrent d’un manque de gîte. Ce sont surtout les chauves-souris cavernicoles.
Elles hibernent et se reproduisent naturellement dans les grottes. Mais ces milieux étant très dérangés et parfois détruits, elles s’installent dans les caves et les combles. Lorsque l’on habite dans un milieu favorable, on peut permettre l’accès à une partie de sa maison aux chauves-souris cavernicoles. Il suffit qu’elles aient un accès et que l’endroit soit peu dérangé. Les chauves-souris les plus exigeantes ont besoin d’accéder au gîte en vol. Le grand rhinolophe a besoin d’une ouverture de 15 par 60cm.
Les chauves-souris cavernicoles susceptibles de s’installer chez vous sont :
– Le grand et le petit rhinolophe
– Le grand et le petit murin
– Le vespertilion à oreilles échancrées
– Le rhinolophe Euryale.

Précaution à prendre : Pour limiter la prédation, il faut éviter que la sortie soit accessible aux chats. Il faut également éviter que les chauves-souris aient à ramper à l’extérieur avant de s’envoler, pour limiter la prédation des rapaces nocturnes.

Les chauves-souris forestières ont besoin de cavités pour leur reproduction. Les nichoirs simulant une cavité d’arbre de 15cm de diamètre conviennent. Ils doivent être installés à plus de 3 mètres du sol. Un réseau de nichoirs permet d’accueillir des espèces qui changent souvent de gîte.
Adresse d’un fabricant :

René Boulay
4 rue Hector Berlioz
76120 Le Grand Quevilly
02.35.69.39.28 de 20h à 21h

Nichoir double simulant une cavité d'arbre (tube sur le devant)
et une fissure (espace entre deux planches à l'arrière).

Nichoir double simulant une cavité d’arbre (tube sur le devant) et une fissure (espace entre deux planches à l’arrière).

Depuis cette année, vous pouvez également devenir Refuge pour les chauves-souris.
Cette opération est une campagne de conservation des gîtes de chauves-souris dans le bâti et les jardins créée et conduite par le Groupe Mammalogique Breton (GMB) depuis 2006. 
Transcrite aujourd’hui à l’échelle nationale, elle est menée par la SFEPM avec l’appui en r&eacut;egion des associations locales ou groupes chiroptéres existants. 
Le Refuge pour les chauves-souris est une convention entre la structure relais locale, qui s’engage à procurer conseil et assistance aux signataires de Refuges, et un propriétaire collectif ou privé qui s’engage à respecter des préconisations visant à garantir la conservation d’espaces occupés ou disponibles pour les chiroptères. 
La traduction concrète de cette convention réside dans une adaptation des pratiques d’entretien du bâti et des jardins à la préservation des chauves-souris.

Les structures relais de la région PACA sont:

Le Groupe Chiroptères de Provence 
Rue des Razeaux
04230 Saint-Etienne-les-Orgues

et

Le Conservatoire d’Espaces Naturels de PACA
890 chemin de Bouenhoure haut
13090 Aix en Provence 
Le site officiel

Vous pouvez télécharger ci-dessous les documents pour devenir Refuge pour les chauves-souris.

1. La convention, qui peut être destinée soit aux collectivités territoriales soit aux particuliers et associations, à signer par la structure locale responsable de l’opération, le propriétaire et le gestionnaire si la propriété se trouve dans un espace naturel géré. Les engagements des deux parties y figurent, de même que des propositions complémentaires.
– Convention à signer par le particulier et le GCP :convention particulier/GCP
– Convention à signer par le particulier, le GCP et le gestionnaire :convention particulier/GCP/gestionnaire
– Convention à signer par la collectivité territoriale et le GCP :convention collectivité/GCP
– Convention à signer par la collectivité territoriale, le GCP et le gestionnaire :convention collectivité/GCP/gestionnaire

2. Le guide technique Accueillir des chauves-souris dans le bâti et les jardins qui expose les mœurs des chauves-souris ainsi que les précautions à prendre pour les conserver dans les bâtiments et espaces naturels. Des fiches techniques présentent comment reconnaître des chauves-souris, quand réaliser les travaux, comment créer un accès adapté aux chauves-souris ou construire un nichoir… bientôt en ligne

En devenant un Refuge pour les chauves-souris, des outils vous seront proposés pour afficher votre engagement:

– Un autocollant conçu pour être apposé à l’extérieur pour une longue durée et vous sera donné pour toute création d’un refuge par votre structure relais locale. 

– Un panneau conçu pour être apposé à l’extérieur pour une longue durée (sur la façade d’un bâtiment par exemple) et vous sera remis gratuitement par la structure relais locale pour les collectivités et à partir de 3€ pour les particuliers (frais d’envois).

Panneau officiel de l'opération Refuge pour les chauves-souris.

Panneau officiel de l’opération « Refuge pour les chauves-souris ».

Récapitulatif du prix des outils de l’opération

Autocollant Panneau
Particulier 1er gratuit, 1€ à partir du second 3€/panneau
Collectivité/Entreprise 1er gratuit, 1€ à partir du second 1er gratuit, 3€ à partir du second

Enfin, si vous voulez en apprendre davantage sur cette opération, vous pouvez également vous rendre directement sur le site internet de la SFEPM.
Vous trouverez toutes les informations sur l’opération, mais aussi la localisation des Refuges partout en France, ou encore les contacts des structures relais de chaque région.


Le statut légal des chauves-souris

  • Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont intégralement protégées par l’Arrêté Ministériel du 17 avril 1981 relatif à la protection de l’environnement.

  • Depuis 1979, au niveau international, la Convention de Bonn et la Convention de Berne demandent aux états contractants d’assurer la protection de toutes les espèces de chauves-souris décrites dans les annexes, ainsi que la protection des gîtes de reproduction et d’hibernation.

  • En 1992, la Directive « Habitat – Faune – Flore » demande aux pays de la Communauté Européenne la protection stricte de toutes les espèces de chiroptères (elles figurent à l’annexe IV), ainsi que la désignation de Zones Spéciales de Conservation pour les 12 espèces figurant à l’annexe II.

  • 19 espèces sont classées dans la liste rouge de la faune menacée de France et 13 espèces sont présentes sur la liste rouge mondiale.